Parmi les œuvres de manga d’horreur, s’il y a bien un nom qui revient souvent, c’est celui de Junji Ito. Même si vous n’avez jamais lu l’une de ses œuvres, vous avez sans doute déjà entendu parler de lui. À travers ses manga tels que Gyo, Uzumaki ou encore Tomie, son nom s’est tellement distingué dans ce genre qu’il en est devenu une référence. Que ce soit ses illustrations dérangeantes et morbides, ses histoires qui montrent une parfaite maîtrise des phobies humaines ou bien sa créativité hors pair pour le perturbant et l’horrifique, Junji Ito saura effrayer même les âmes les plus courageuses à travers les pages de ses manga.

Pour ceux qui le connaissent, vous pouvez retrouver une compilation de ses dessins macabres dans le fameux livre Twisted Visions (en anglais). Ce livre compile toutes les visions cauchemardesques qui ont parcouru l’esprit du petit garçon effrayé par les longs couloirs sombres qu’il devait traverser la nuit pour devenir le grand maître de l’horreur en manga qu’il est devenu aujourd’hui. Toutes ses inspirations et créations y sont présentes en qualité grand format.

Cette fois-ci, en 2021, une nouvelle histoire a été écrite par cet auteur passé maître dans son art. Cette histoire en un grand tome se nomme Sensor.

Afin de parler de Sensor plus en détail et d’en révéler plus sur son histoire, je tiens à préciser que cet article sera entièrement sans spoilers, alors ne vous en faites pas, aucun plaisir ne vous sera gâché !

Une étude détaillée

D’abord, commençons par établir le genre. Junji Ito avait déjà fait dans l’horreur folklorique et l’horreur aux légendes urbaines. Mais c’est la première fois qu’il crée une œuvre aussi profonde dans le genre mythologie sombre. La comparaison ici avec Lovecraft est on ne peut plus adéquate, puisqu’il va utiliser un certain nombres de thèmes similaires comme l’horreur cosmique, les divinités mystérieuses que l’humanité ne connaît pas encore, ainsi que la folie qui touche ceux qui en savent trop sur les vérités de l’univers. 


L’histoire de Sensor se divise en plusieurs chapitres, chacun offrant une histoire différente mais toujours en suivant les deux mêmes protagonistes : une jeune femme nommée Kyoko Byakuya qui disparaît mystérieusement en découvrant par hasard un village peuplé par une secte macabre, et un journaliste nommé Wataru Tsuchiyado.

Des détails intrigants

Alors que certaines de ses œuvres ont été peu centrées sur les personnages mais plutôt sur les concepts horrifiques, Sensor a pour qualité rare d’avoir des protagonistes très bien construits dont on voit la progression du début jusqu’à la fin. Les personnages principaux ne sont pas simplement ici des messieurs et mesdames tout-le-monde qui servent de spectateurs à l’horreur, ce sont eux qui portent l’histoire et vont nous emmener dans le périple.

Ensuite, il faut comprendre que l’horreur est surtout psychologique dans Sensor, bien que tout aussi perturbant visuellement que dans ses précédentes œuvres. L’histoire part sur des bases de légendes urbaines comme les sectes secrètes, des phénomènes célestes mystérieux et l’existence d’un Japon plus rural avec ses propres superstitions et croyances sombres. 

Au Japon, l’exploration des légendes folkloriques telle l’existence des kappa ou d’autres yokai, voire des esprits maléfiques, est un hobby plus fréquent qu’on pourrait le croire. Des journalistes et des touristes curieux parcourent souvent les villages et temples reculés pour déterrer des vérités cachées loin du monde moderne. 
Ces thèmes sont notamment repris dans les films célèbres Juon et Ringu, où le côté urbain rend les superstitions plus crédibles. Sensor offre son lot de peurs tirées des superstitions, que ce soit les insectes, les phénomènes célestes ou même les humains eux-mêmes, tout peut se révéler comme étant une partie d’un complot secret depuis des siècles. Il n’en tient qu’à nos protagonistes d’explorer et de comprendre ces secrets.

Et de révélation en révélation



Durant les chapitres suivants, on va de révélation en révélation, le tout donnant une aura bien pesante où des forces cosmiques d’une autre dimension influencent les événements du quotidien de notre monde. Sensor s’inspire fortement des œuvres de Lovecraft tels que Les Montagnes Hallucinées ou L’appel de Cthulhu (tous deux disponibles en version manga par le talentueux Gô Tanabe). Non seulement la façon dont ces thématiques sont utilisées est originale, mais Ito montre également une maîtrise parfaite de l’horreur cosmique. Sa touche personnelle, mélangeant formes dérangeantes et abstraites en devient d’autant plus complimentée par le style. Contrairement à beaucoup des précédents manga du maître, Sensor effraie surtout par les éléments qu’on n’a pas encore vu, plutôt que par ce dont on est témoin, créant une aura de terreur par anticipation du lecteur.

Une fin fascinante

Finalement, on peut terminer en disant que Sensor est probablement le manga de Junji Ito avec l’histoire la mieux construite. Plutôt que d’être un ensemble de petites histoires horrifiques, on assiste là à une histoire qui se suit du début jusqu’à la fin, croissant en terreur page après page. Les idées utilisées dans Sensor sont également parmi les plus originales du maître du manga d’horreur !

Avez-vous hâte, vous aussi, à sa sortie le mois prochain pour vous lancer dans un voyage dont vous ne reviendrez pas sain d’esprit ?

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Un avis sur “Sensor : La mythologie sombre de Junji Ito

  1. Wow ! C’est tellement bien décrit vous me mettez encore plus l’eau a la bouche ! L’article est tellement détaillé. Je suis tellement excité de lire cette nouvelle histoire de Junji Ito merci pour cette article ! 🙂

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