Le mois de l’histoire des noirs est célèbré chaque année durant le mois de février partout au Canada. Cet événement important est l’occasion de souligner les contributions et les exploits des citoyens qui ont un héritage africain et cette occasion est parfaite pour parler de cette communauté trop souvent mise en arrière-plan. Parlons peu, parlons bien, mais parlons manga !

La représentation des noirs dans les mangas !

Très stéréotypés et considérés comme ”exotiques”, les personnages noirs dans les mangas sont représentés selon deux extrêmes. On peut très bien passer du personnage de Mister Popo ou du colonel Black dans Dragon Ball qui sont extrêmement racisé, au sidekick bien construit comme dans le personnage de Bob dans Enfer et paradis. Force est de constater que la ligne entre les deux est malheureusement très fine. Il suffit d’un pas pour passer d’un personnage de mauvais goût à un personnage bien construit. Mais faut-il pour autant blâmer les Japonais et leurs mangaka ?
Avec 98% de la population qui est japonais pure souche, le Japon est un des pays les moins ethniquement diversifié au monde. Il est assez compliqué de bien représenter une communauté lorsqu’elle est quasiment inexistante dans le pays, cette représentation étant faussée de base. Partant du postulat qu’un manga est dessiné par un Japonais pour un Japonais, il était presque impossible que la communauté noire y soit bien représentée. Il est assez rare de voir des personnages noirs dans un manga, ainsi ce n’est qu’avec la mondialisation, l’exportation des mangas et l’importance qu’il revêt aux yeux du reste du monde que nous trouverons une solution à ce problème.

Le cas Tezuka

Il est probablement un des premiers à représenter des personnages noirs dans ses œuvres, mais malheureusement, et dans un premier temps, Tezuka ne dérogera pas à la règle : certains de ces personnages noirs dans ses premiers mangas sont très souvent trop caricaturés, notamment dans La nouvelle Île au trésor, Le roi Léo, Astro Boy, Kirihito, Demain les oiseaux ou encore Black Jack.

Mais outre cette représentation caricaturale, Tezuka reste tout de même en avance sur son temps. Sa vision humaniste, que l’on retrouve dans plusieurs de ses oeuvres, prendra vite le dessus. Dans Astro boy, Tezuka dénoncera la situation des noirs durant l’apartheid en Afrique du Sud avec l’allégorie des robots, tandis que dans Kirihito, il dénonce la situation des noirs en Rhodésie du Sud. Les choses évoluent en bien avec Alabaster, ou le protagoniste principal, qui est noir, devient le sujet central de l’intrigue.
Si les représentations physiques des personnages Noirs des premiers mangas de Tezuka sont très caricaturales, voire stéréotypées, les messages qu’il transmet sont humanistes et progressistes pour son temps car il aborde la question des colonies et la volonté d’égalité.

Et la nouvelle génération ?

Très vite les choses évoluent. Le problématique Mister Popo et le Colonel Black d’Akira Toriyama, par exemple, trouverons avec le temps un certain compromis. Mister Popo, pour éviter la censure et les critiques, troquera sa couleur de peau pour le bleu marine et le colonel Black dans le film de 1996 de Dragon ball apparaîtra sous des traits moins caricaturaux.

Mais c’est avec la génération des mangaka des années 2000 que les choses changent radicalement. Même si les personnages noirs continuent à être stéréotypés comme le ‘’grand costaud au cheveux crépus de l’équipe’’, ils ont souvent une place plus importante dans le récit dans lequel ils évoluent. Ainsi on peut croiser des personnages comme Killer Bee dans Naruto qui devient un modèle, un frère et un mentor pour notre héros, Kilik Rung de Soul Eater qui, outre son style vraiment très cool, est un héros optimiste, déterminé et fait preuve de leadership. L’auteur, Atsushi Ôkubo, aurait même créé Kilik dans le but de pallier le manque de diversité raciale dans le monde des mangas.
Naoki Urasawa surprendra tout le monde avec l’arrivée de Kevin Goodman, son protagoniste de fin dans sa série Billy Bat, et en abordant le sujet important des conditions de vie d’un couple interracial lors de la ségrégation de la communauté noire aux États-Unis.
Moins historique cette fois, le personnage de Don dans le manga The Promised Neverland aura un vrai développement de personnage digne d’un héros principal. Afin de protéger les gens qu’il aime, il gagnera en maturité et en responsabilités.
Tite Kubo, dans Bleach, n’hésitera pas à utiliser la carte de la multiculturalité pour ses personnages. Tousen, antagoniste très fier, à la limite arrogant, est un leader qui tente de minimiser le nombre de victimes sur son sillage, même s’il est prêt à prendre des décisions difficiles lorsqu’il le faut. Il suivra ses idéaux et sa façon de voir le monde à travers sa cécité jusqu’au bout. On retrouve également Yoruichi, personnage féminin fort qui, à plusieurs reprises, prendra notre héros sous son aile et lui viendra en aide en tant que professeure et tuteur.

Le manga a été longtemps, un format littéraire uniquement fait par des Japonais et pour des Japonais, mais avec la mondialisation et la popularité que ces derniers rencontrent à l’internationale, ce n’est plus tout à fait le cas. Plusieurs auteurs autour du monde se sont approprié la problématique et le format pour en faire quelque chose de nouveau. Osamu Tezuka, considéré comme le Dieu du Manga, fut probablement le premier à s’en rendre compte. Petit à petit, l’industrie du manga change pour permettre à tous et à toutes de s’identifier le mieux possible à une œuvre. Il est important que le manga devienne le reflet de notre société où chacun et chacune puisse, peu importe sa couleur de peau, jouir le mieux possible d’une même oeuvre.

Un nouveau genre : le manga africain

Comme pour la France, la diffusion d’animes durant les années 80-90 a influencé le continent africain, propageant ainsi une culture manga comparable à la vague en Europe. Ce tsunami que représente l’essor du manga dans le monde n’a donc pas épargné l’Afrique. L’importance que le manga revêt sur le continent est très probablement une des plus importantes au monde. Pour vous donner un ordre d’idées, il existe à ce jour sur le continent plus d’éditeurs spécialisés dans le manga que dans la bande dessinée traditionnelle. Nombre de créations locales se revendiquent comme des mangas, de la même manière que pour plusieurs productions françaises. Le magazine Afro Shonen, mis sur pied par Brice Ludovis Bindzi en 2014 en est la preuve parfaite, ce magazine de publication camerounaise devient la toute première revue dédiée aux mangas africains.

Dans une société où la différence de couleur de peau est encore trop souvent source d’inégalité, de racisme, d’isolement et d’injustice, il est temps que nos mœurs évoluent pour le mieux et le manga peut être un excellent support pour le faire. Peu importe la frontière invisible que les couleurs de peau pourraient dresser entre nous, il est d’un ridicule grotesque de juger autrui sur ce simple fait. Soyons tous un peu plus tolérant les uns envers les autres. Nous sommes tous pareils en fin de compte, nous faisons tous l’expérience des émotions humaines, telles que la tristesse, la colère, la joie, la peur, l’amitié.

Le manga est avant tout un excellent vecteur d’humanisme, nos cœurs de lecteur battent tous à l’unisson afin de nous rassembler autour de l’amour que nous partageons pour celui-ci. Après tout, le manga n’est-il pas un moyen d’expression basé sur les émotions ?

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