Le post-apocalyptique est une thématique chère aux Japonais. Pourquoi ? Parce qu’ils sont conscients du côté éphémère de la vie… concept qui nous est totalement étranger à nous, Occidentaux !

Vivant sur une île instable, bousculée par les cataclysmes depuis la nuit des temps, traversant les tsunamis, les tremblements de terre, les glissements de terrain, les éruptions volcaniques, te même les explosions atomiques, luttant pour nourrir sa population (eh oui, on ne dirait pas comme ça, mais dans ce pays, l’un des plus riches du monde, les ressources naturelles sont quasi-inexistantes et l’approvisionnement en nourriture et autres consommables s’appuie sur l’importation de l’étranger), les Japonais ont développé ce sentiment profondément ancré en eux qu’ils ne sont pas éternels et que tout peut basculer d’un moment à l’autre dans le chaos. La célébration de l’éphémère, de la beauté de l’instant se retrouve dans toutes les formes d’art japonais… mais ce n’est pas notre sujet aujourd’hui.

Pour l’heure, parlons de ce qui se passe quand rien ne va plus, quand le monde s’effondre, quand les peurs deviennent réalité.

Cette peur intrinsèque, on la retrouve dans bon nombre d’oeuvres. ‘’Dragon head’’ en était un magnifique exemple : que se passe-t’il quand les 3 derniers survivants d’un cataclysme sont plongés dans l’obscurité la plus totale, peut-être pour le restant de leurs jours ? ‘’Survivant’’ en est un autre : quand les eaux recouvrent la quasi-totalité des terres, comment un adolescent seul peut-il s’en sortir ? Et ce grand classique, ‘’Eden’’, ne cristallise-t’il pas l’angoisse et la solitude des survivants vivant dans l’attente d’un remède au virus qui a décimé leurs pairs ?

A journey beyond heaven est l’héritage de cette culture de l’éphémère et du catastrophique. Mangas post-apocalyptique par excellence, ‘’post-apo’’ pour les intimes, A journey beyond heaven met en opposition deux mondes. L’un, le Paradis, refuge créé pour y élever des enfants, potentiellement hors du commun, potentiellement les futurs sauveurs de l’humanité, en toute sécurité, mais surtout en toute ignorance du chaos qui les entoure. Prisonniers de leur cage dorée, ils sont comme des oiseaux d’élevage, avides de voir le monde extérieur mais inconscients du fait qu’ils ne sont pas du tout outillés pour y survivre et qu’ils n’y feraient pas long feu. L’autre, le monde réel, le dehors chaotique, où tout est dévasté et où les rares survivants essaient de s’en sortir tant bien que mal. Mais, entre les gangs de voyous prêts à tout pour voler la nourriture et les créatures horrifiques, probablement nées de la propagation d’une contamination, leur survie ne sera pas aisée.
L’opposition entre ces deux mondes est atténuée par une étrange ressemblance entre les protagonistes des deux univers. Mimihime, enfant du Paradis, enfant prophétique, le dit bien dans les premières pages du manga à son ami Tokio : ‘’Nous serons délivrés par deux visiteurs de dehors dont l’un d’eux te ressemble comme deux gouttes d’eau, Tokio’’. Kiruko et Maru, eux, survivants au dehors, prennent la route à la recherche du Paradis. Ils n’ont cependant aucune idée de la forme qu’a ce Paradis, ni même s’il existe réellement. Mais nous, lecteurs, savons : nous savons que le but ultime de ces deux mondes est de se rencontrer pour n’en faire plus qu’un. Mais ce que nous ne savons pas, c’est ce qu’il se passera au moment de la rencontre. La destruction ou la reconstruction ? L’humanité deviendra-t’elle son propre salvateur ou au contraire son ultime exterminateur ? Un compromis est-il possible ?

Le post-apo pose toujours la question de la pertinence de la vie en société. Les hommes sont-ils faits pour vivre en société ou leur caractère égoïste les destine-t’il toujours à se détruire mutuellement ? Devraient-ils travailler ensemble à la reconstruction d’une nouvelle société ou sont-ils mieux de s’éloigner les uns des autres et de vivre en solitaire ? Et cette nouvelle société, doit-elle être copiée-collée sur des bases connues ou devrait-on tout reconstruire de zéro sur de nouvelles fondations ?
Alors oui, la destruction préalable vient souvent d’un cataclysme incontrôlable, d’une abérration de la nature, mais est-ce vraiment la nature qui agit de son propre fait ? Le hasard ? Ou est-ce les actions destructrices des hommes qui l’ont provoqué ? Ou encore est-ce qu’une force supérieure cherche à punir cette humanité si ego-centrée ?

Vous l’aurez compris, le post-apo pose plus de questions qu’il ne donne de réponses et c’est en cela qu’il reflète les peurs les plus ancrées du peuple Japonais.
A journey beyond heaven ne fait pas exception, et c’est avec une multitude d’interrogations que vous finirez ce premier tome… et une irrépressible envie de lire le tome 2, qui devrait heureusement sortir au courant du mois de mars au Québec.

Sur ce, et pour fêter cette thématique, du ‘’Un an après la catastrophe’’, bonne lecture !

-Amé

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