Le genre Josei existe-t-il vraiment ?
Nouveau genre littéraire qui gagne en popularité depuis quelques années, le josei fait de plus en plus parler de lui. Alors aujourd’hui, cher lecteur, penchons-nous sur le Josei, plus mature que le shôjô, plus féminin que le seinen, et qui aborde régulièrement une intrigue à connotation sentimentale pour un public féminin mature. Le manga Josei existe-t-il vraiment ?
Comme le shônen, le shôjô ou le seinen, le josei n’est pas vraiment un ”genre” en lui-même mais plus une ligne éditoriale qui a pour but de viser un public cible. Pour des soucis de compréhension, nous garderons son appellation telle quelle : le genre/manga Josei.
Le josei est intrinsèquement liés au shôjô et au seinen de par leur mode de publication. Ainsi au Japon, il n’est pas rare de voir des shôjô publiés avec des josei, des josei paraître dans les mêmes magazines que des seinen, ou bien il existe également des magazines spécialement dédiés au genre josei lui-même.
Dans les Josei, on trouve toutes sortes d’histoires, mais, si on devait trouver des caractéristiques propres au genre, on pourrait caricaturer celui-ci comme étant un manga où la romance, quand elle est présente, y est plus facilement sexualisée, dans tous les cas souvent plus matures avec des préoccupations et des thématiques plus adultes, très loin de la simple amourette scolaire que le shôjô a l’habitude d’aborder.
Il va sans dire que la majorité du temps, le héros/héroïne aura tendance à être lui/elle-même un adulte afin que le lecteur puisse s’y identifier plus facilement et il est de fait notoire que des exceptions sont bien évidemment présentes. Il est de bon ton de ne pas se cantonner à une généralisation envers le genre.
Le josei est-il l’équivalent du seinen ?
On pourrait donc déduire que le Josei est un découlement mature du genre shôjô, mais si le shôjô est l’équivalent opposé au shônen, en est-il de même pour le seinen et le josei ? La terminologie du mot ‘’seinen’’ est souvent traitée comme est un manga pour jeunes adultes masculins mais le terme ‘’seinen’’, littéralement ”jeune adulte” en japonais, ne possède pas de genre, il ne cible pas de genre particulier. Le public cible du seinen et un public aussi bien masculin que féminin, la comparaison avec le seinen n’a donc pas lieu d’être. Le josei n’est donc pas l’opposé du seinen comme on le prétend.
Mais alors le josei, c’est quoi exactement ?
Penchons-nous sur la terminologie du mot en japonais. Le josei manga est composé de deux caractères, le kanji femme 女 et le kanji genre 性 qui veut littéralement dire que le josei est un manga dit de genre féminin.
Si on voulait trouver son équivalent masculin, on parlerait de Dansei manga qui est également composé de deux caractères le kanji homme 男 et du kanji genre 性 qui littéralement peut se traduire par l’appellation manga de genre masculin.
Le problème avec ces deux dénominations, c’est qu’il n’est, à aucun moment, question d’un genre Dansei dans le manga, du moins au même titre que ce que le josei représente.
Alors pourquoi le genre Josei existerait-il au détriment du genre Dansei qui, lui, n’existe pas ? Dans ce sens, le josei pourrait être considéré comme un sous-genre plus mature du shôjô par exemple, ou inversement comme étant un méga genre qui pourrait englober tous les mangas dits de genre féminin.
Ces appellations seraient plus justes que de comparer le josei comme l’équivalent du seinen.
Mais d’où vient alors le terme josei ?
Le josei est un genre qui naît du shojo au début des années 1980.0, avec une volonté affichée de proposer des histoires et du contenu différent de ce que proposait le shôjô. Lors de son apparition, le genre se distingue en abordant des thématiques trop difficiles ou complexes pour le shôjô : la vie sexuelle, la vie après le mariage, le monde professionnel… et cherche à représenter « une femme qui n’est plus une enfant ».
Au niveau éditorial, il n’existe pas de terminologie stable. Le genre varie en fonction des époques, des maisons d’édition et des magazines. La tendance générale actuelle est de regrouper l’ensemble des magazines féminins de manga sous une même dénomination, comme la Shūeisha et Kōdansha le font actuellement. L’émergence du genre soulève quelques questions : l’industrie du manga sectorise-t-elle trop ses œuvres ? Est-ce que cette sectorisation n’a pas l’effet inverse vis-à-vis de ses lecteurs et en venant briser la curiosité de ces derniers ?
Il est assez difficile de mettre un point final à la thématique, tant celle-ci est ambiguë. Le josei, un simple shôjô plus mature ou un genre nouveau ?
Je vous laisse le mot de la fin sur ces questions !
🌸 Chronique D. – 23 février 2021 🌸