L’horreur cosmique, ou cosmicisme, est la notion philosophique sur la condition humaine et son insignifiance par rapport à l’échelle de l’univers, du Cosmos.
L’homme n’a que peu d’importance ou plus précisément, l’homme ne mérite pas l’attention qu’il se porte. L’homme n’est rien d’autre qu’un amas de créatures sommaires et insignifiantes au regard de luttes d’influence à l’échelle cosmique, où des forces incommensurables dont la puissance, les enjeux et les forces dépasseraient notre entendement.

Ces quelques lignes représentent parfaitement l’ambiance pessimiste qu’Howard Phillips Lovecraft transmet dans ses écrits.

🦇 Mais qui est Lovecraft ? 🦇

Modeste auteur de Providence (Rhode Island), il devient célèbre à titre posthume et il est le triste exemple qu’il est aussi bien possible de rater sa vie que de réussir son œuvre !

Témoin passif de plusieurs échecs, l’auteur commence sa carrière à New York, loin de sa femme. Auteur récurrent du Pulp Weird Tale (magazine de nouvelles fantastiques), il n’est que très peu reconnu de son vivant. Lovecraft fait l’expérience de vivre seul, à la limite de la pauvreté, n’a qu’un maigre revenu qui provient de son travail de révision de textes. Ses travaux et son appréhension de décevoir lui feront refuser plusieurs opportunités.

C’est alors qu’il vit dans un appartement délabré, abandonné par ses proches, endossant une vie d’ermite, qu’un bruit se faire entendre à sa porte d’entrée : la dépression, ce monstre sur le seuil, vieille amie de longue date, s’apprête à entrer…
New York, incarnation de ses angoisses, devient dès lors sa Babylone (cité antique reconnue pour ses mœurs barbares et son métissage qui aurait causé sa perte). L’auteur fait preuve d’un racisme et d’une misanthropie qui ne manquera pas de l’inspirer.

C’est cette expérience new yorkaise qui façonnera ses meilleurs récits :

  • L’affaire Charles Dexter, avec son narrateur en proie au portrait démoniaque de son aïeul.
  • L’abomination de Dunwich, avec sa créature tentaculaire invisible.
  • Les montagnes de la folie, perdues en Antarctique.
  • Dans l’abîme du temps, avec ses voyage spatio-temporels.
  • Le cauchemar d’Innsmouth, et sa population dégénérée.

🦇 L’impact de Lovecraft…qui s’étend jusqu’aux mangas ! 🦇

Lovecraft et ses récits ont un impact profond sur la culture populaire. Son influence sur plusieurs auteurs, tels Junji Itô et Gô Tanabe en sont la preuve parfaite.
Des créatures marines qui émergent de l’océan pour semer mort et désolation, une entité féminine immortelle qui sème la mort : telles sont les thématiques que Junji Itô aborde dans ses mangas. Le mangaka s’ inspire principalement de l’essence des récits lovecraftiens, De son propre aveu : « Ce n’est pas vraiment le mythe en lui-même qui m’intéressait, [c’est] plutôt l’œuvre de manière générale, et sa façon d’aborder l’horreur, l’indicible… ».
Cette « façon d’aborder l’horreur », c’est l’horreur cosmique, ou le vertige cosmique.

🦇 Lovecraft, Ito, et l’horreur cosmique 🦇

Dans les œuvres de Lovecraft et de Junji Ito, la question ”sommes-nous seuls dans l’univers ?” est primordiale.
Comme réponse, les deux auteurs s’accordent à répondre par la négation : ”NON ! Nous ne sommes pas seuls!!

Dès lors, Cthullu, Azathoth, Yog Sothoth, les humains déformés transformés en escargots et les cyclones géants omniscients dans Uzumaki ne sont ni bons ni mauvais. Comme l’homme qui éprouve peu ou pas de remords à écraser un insecte, ses créatures n’en éprouvent pas plus envers les êtres humains.

L’Horreur Cosmique peut apparaître de bien des façons: les immenses espaces marins ne le représentent que trop bien.
Dans Gyo, l’arrivée des créatures marines sur la terre ferme met en évidence la crainte des fonds marins et de ce qui pourrait s’y cacher.
Chez Lovecraft, les profonds, les enfants de Dagon et les poissons humanoïdes qui surgissent dans le cauchemar d’Innsmouth sont mis sur un même pied d’égalité.

🦇 Les enjeux de l’adaptation manga 🦇

Gô Tanabe, pour sa part, essaye de mettre en images les œuvres de Lovecraft.
Concept difficile, n’est ce pas, que de réussir à retranscrire les angoisses, le malaise et la folie présente dans les œuvres de l’auteur ?
Mais plus encore, n’est-il pas ardu de mettre en images quelque chose dont l’existence elle-même n’est en aucun cas prouvée ? Bien que l’existence des grands anciens de Lovecraft soit mentionnée dans les romans d’origine, il n’est jamais écrit noir sur blanc que telle ou telle créature existe vraiment.

Retranscrits avec succès dans leurs adaptations manga, Gô Tanabe et Junji Itô réussissent avec brio à s’approprier l’ambiance des œuvres de Lovecraft. L’impossible devient possible. Ces créatures et ces phénomènes lovecraftiens venus d’un autre monde prennent enfin vie sous nos yeux.
Ou bien…
Serait-ce là une vaine interprétation de nos angoisses, de nos peurs, et de l’image que la folie humaine pourrait revêtir en prenant conscience de notre insignifiance par rapport aux océans noirs et infinis du cosmos qui nous entoure et de ce qui pourrait, peut-être, s’y cacher ?

Libre à vous de l’interpréter comme bon vous semble.


N’hésitez pas à découvrir l’univers Lovecraft, mis en image par le trait sombre et réaliste de Gô Tanabe ici : https://otakulounge.com/?s=lovecraft&post_type=product&utm_source=siteweb&utm_medium=blog&utm_campaign=lovecraft-par-david-oct2020

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