Tome
28
Book Status
Nouveauté
ISBN:
9791042014810
Informations supplémentaires
Livraison à domicile ou ramassage en magasin
Faites-vous livrer où vous voulez.
Paiement sécurisé
Par carte de crédit Master Card, Visa
Expertise reconnue
Plus de 10 ans d’expérience dans les mangas.
harvey.valerie2 –
Quelle extraordinaire série! Quel plaisir de pouvoir découvrir un manga qu’on n’avait pas encore lu et qui se retrouve dans les meilleurs de sa liste personnelle. C’est un peu ce qui m’arrive avec Vinland Saga, dont je viens de lire les 28 tomes en quelques jours.
Ce mangaka expérimenté avait déjà dessiné l’excellent Planètes, un récit SF qui se déroule autour de la Terre, et dont certains thèmes sont similaires aux messages de Vinland Saga, que Yukimura Makoto porte à travers ses oeuvres: Comment sortir des conflits? Arrêter la violence? Être assez fort pour résister à l’envie de s’entretuer, trouver une autre piste de solution? Est-ce que l’être humain est condamné à ce cycle de guerres ou pourra-t-il apprendre? Peut-on rêver mieux? Si oui, quel est le chemin?
Thorfinn Karlsefni Thordarson est un personnage historique réel, qu’on connaît grâce à deux textes islandais: la Saga des Groenlandais et la Saga d’Érik le Rouge. De nombreux autres personnages historiques des sagas côtoient le personnage principal: Leif Erikson, Thorkell le Grand, le roi Knut, Gudrid Thorbjarnardóttir. Le manga nous permet d’humaniser ces récits historiques en restant tout près des personnages.
La série est divisée en quatre arcs à peu près équivalents en nombres de tomes:
Arc 1 “Guerre” (tomes 1 à 7 environ): guerres de conquête des Vikings en Europe, avec le jeune Thorfinn très impliqué.
Arc 2 “Esclave” (tomes 8 partiel à 14): toujours en Europe, plus calme, mais ambiance lourde
Arc 3 “Expédition de l’Est” (tomes 15 à 23): Thorfinn a trouvé un but, et met tout en oeuvre pour l’accomplir, mais la préparation n’est pas facile quand on doit affronter ses gestes passés
Arc 4 “Vinland” (tomes 24 à ?): Établissement au Vinland avec une communauté islandaise et rencontre avec les peuples autochtones
Parfois, on lit des séries où la violence semble être présente uniquement pour satisfaire les fans d’hémoglobine; puis l’auteur finit par y mettre un peu de sens, comme pour justifier sa surutilisation.
Ce n’est pas le cas de Vinland Saga.
Dès le début, le mangaka utilise la violence dans un but précis, qui servira tout au long du récit. À plusieurs reprises, il dessine des scènes qui donnent de l’importance aux victimes: le regard de cette dame qui vient d’aider Thorfinn et voit les Vikings arriver; les yeux de cette Anglaise sur le point de se faire violer; ces villageois qui soupent ensemble avant l’arrivée de la meute. Mais le mangaka s’attarde aussi aux justificatifs des guerriers et à leurs doutes: ce nouveau grand-père qui annonce que cette bataille sera sa dernière; ce guerrier sur le point d’être exécuté et qui se demande si ça valait le coût pour atteindre le Valhöll; ce pirate viking qui débat avec Thorfinn devant les yeux amusés du roi Knut.
Et toujours ces questions sur la possibilité ou non de fonder une société où la violence n’aurait pas cette place: “Je veux créer une terre où les épées seront inutiles et, là-bas, je construirai une stèle qui apaisera l’âme des morts.” Vinland Saga 12
Mais est-ce faisable? Les défis sont nombreux: “Il suffit qu’une seule personne dégaine son épée pour que tous les autres suivent. Après ça, c’est l’enfer qui nous attend. Mort et atrocités… La colère appelle la colère et la vengeance appelle la vengeance dans un cercle vicieux sans fin. Une fois que ça a commencé, plus personne ne peut l’arrêter. Je pense qu’une paix où on porte l’épée… n’est pas la vraie paix.” Vinland Saga 24
On se sent si proches des personnages qu’on a du mal à croire qu’ils ont “vécu” il y a 1000 ans! Car les mêmes questionnements nous habitent toujours.
La série a également quelques touches d’humour (Sig Sig, Ylva). Les textes personnels du mangaka, un sur chaque jaquette, s’interrogent sur nos travers humains, Yukimura nous partage comment sa vie personnelle fait avancer ses questionnements, ou nous parle de ses recherches sur les vêtements, les armes, la société viking.
Saluons également le dessin, absolument fabuleux, que ce soit dans les combats qui sont très cinématographiques avec des effets de zoom, mais aussi la variation des divisions de cases. Le mangaka donne de la place à son dessin pour amplifier l’impact, mais aussi les regards, ou l’émotion des moments (car il y a plusieurs passages très touchants dans cette histoire).
Quelques bémols: la finale de l’arc Expédition vers l’Est me semble un peu abrupte, avec cette ellipse de deux ans. J’aurais aimé suivre pas à pas leur expédition marchande.
Autre point: lorsqu’il y a “romance”, le mangaka reste très prude: aucun dessin de baiser entre les personnages concernés et pourtant, la dame peut devenir enceinte… C’est presque miraculeux! 😉 Il faut dire que la série a débuté dans un magazine pour adolescents (shônen) où cette façon de faire est assez courante, mais elle a été transférée dans l’Afternoon (magazine pour hommes adultes), on aurait été capable de supporter un baiser!
Petit clin d’oeil intéressant sur le lieu d’implantation du Vinland choisi par le Japonais Yukimura: le village est remarquablement proche de Cavendish où l’histoire d’Anne la maison aux pignons verts est basée, roman-culte au Japon!
La série se terminera bientôt, le mangaka avait annoncé plus de 50 chapitres pour l’arc 4, et il fait maintenant 42 chapitres (au tome 28). C’est une réflexion sur le sens de la violence, le poids de la culpabilité, la façon de bâtir des sociétés et d’apaiser les tensions, les interactions entre cultures.
Vinland Saga est un manga très riche, un véritable chef-d’oeuvre au niveau narratif, mais aussi pour la maîtrise graphique.