Le Japon est un pays très conformiste et conservateur sur les principes de famille et de relations dans la société. Il s’agit de l’un des pays où les personnes n’obéissant pas à la ‘’norme’’ sont les plus mises à l’écart de la société. Étrangers, personnes LGBT+, associés à un gang comme les Yakuza… toutes sortes de personnes sont marginalisées par le système japonais. La majorité conformiste de la population est supposée se marier et avoir des enfants pour former la famille traditionnelle Japonaise. Cela crée bon nombre d’enjeux pour les personnes marginalisées. En termes de non-discrimination, l’arrondissement de Shinjuku à Tokyo est particulièrement fier de son rôle exemplaire.
D’abord, il y a le fameux Shinjuku Ni-Chôme, aussi appelé Gay Shinjuku, qui est tout simplement le quartier gay de Tokyo. Saunas, love hotels, bars gay, massages et plus encore sont offerts pour toutes sortes de clientèle, tout en mettant l’emphase sur l’acceptation des personnes LGBT+. Quand on entre dans Shinjuku Ni-Chôme, l’ambiance change complètement, puisqu’ici, les gens ne se cachent pas, ne font pas semblant d’être autre chose qu’eux-mêmes. Ce quartier est également l’endroit au monde avec la plus grande densité de bars gay, ni plus ni moins, approchant les 300. Ici, les couleurs sont flamboyantes, les drapeaux de la fierté gaie omniprésents.
L’histoire du Ni-Chôme remonte à l’après guerre au Japon, quand, sous l’occupation américaine, la prostitution était devenue officiellement illégale. En effet, le peuple d’après guerre avait tout autant besoin de divertissements nocturnes qu’avant, alors ce sont simplement les bars gay qui ont pris la place des bordels pour ce même genre de clientèle. Alors n’imaginez surtout pas que le LGBT+ est la seule catégorie de gens qui vont visiter ces bars, en effet, toute une partie marginalisée de la population japonaise en devient des clients réguliers.
Ces fameux bars gay sont intéressants en le fait qu’ils reçoivent généralement les mêmes clients réguliers et n’accueillent pas plus d’une dizaine de personnes à la fois à l’intérieur. Shinjuku étant bondé, les espaces disponibles pour ces bars sont donc très minimes. Comme dans beaucoup de bars japonais, ici, le barman, ou la barmaid, est appelé Master-san ou Mama-san. Son rôle ? Vous écouter ! Travail, problèmes en couple… tout en vous servant des spécialités alcoolisées d’origine étrangère ou japonaise. Les relations développées dans ces bars peuvent parfois devenir les seules relations que les clients, qui travaillent de longues heures et n’ont souvent pas de famille proche à qui se confier, vont pouvoir entretenir. C’est pourquoi ces clients reviennent généralement au même bar, pour échanger avec le Master-san ou la Mama-san. En échange de cette loyauté, les bars organisent des sorties au onsen, des pic-niques ou même des sorties Hanami ensemble, comme la troupe du voyage O-Taku en 2022.
Les bars visent en général une clientèle cible en particulier, certains d’entre eux ne laissant entrer que les Japonais et pas les étrangers, peu importe leurs capacités linguistiques, tandis que d’autres vont avoir un nom typiquement anglophone et seront très ouverts aux étrangers. Toute cette personnalisation donne à chacun sa propre identité et son propre style.
Les prix d’entrée sont généralement situés entre 1000 et 2000 yen, ce qui est relativement abordable pour Tokyo. Les activités peuvent varier entre boire toute la nuit, faire un karaoke, danser avec des inconnus, pratiquer des jeux comme les fléchettes ou le billard. Il faut aussi savoir que Shinjuku est l’un des seuls endroits dans tout le Japon à offrir une vie nocturne active. La vaste majorité des divertissements et services sont généralement fermés dès 20h. Ici, on aura même des bars et des restaurants qui n’ouvrent que la nuit.
Évidemment, il y a bien autre chose que des bars gay à Shinjuku. Si vous vous aventurez dans les ruelles, vous verrez très vite de bons bistros, ramen et autres petits restaurants qui servent de la nourriture pour les âmes perdues.
Pour les plus curieux d’entre vous, découvrez les hôtels APA spécialisés dans la clientèle LGBT+.
Et l’une des attractions touristiques locales les plus connues demeure le Robot Restaurant qui aurait coûté la modique somme de 100 M USD à son propriétaire ! C’est un restaurant à thème de robots dans une ambiance futuriste avec son lot de spectacles et d’animations tout simplement fous, aux couleurs vibrantes et aux néons style années 80.
Pour nommer quelques-uns des bars gay les plus célèbres, Arty Farty est réputé pour les gens qui aiment danser. Le bar est aussi hôte à de nombreux événements hebdomadaires. Pour les femmes, le bar Gold Finger est sans doute le plus connu pour son style flamboyant et déjanté.
Cela conclut notre petite sommaire de Shinjuku Ni-Chôme et comment la culture LGBT+ y prospère. Pourquoi ne pas aller y faire un petit tour durant votre prochain voyage et vous éclater un maximum ?
En parallèle au Ni-Chôme, il existe également le fameux Kabukichô, d’où montent les rumeurs les plus secrètes sur les yakuza, créant une aura mystique pour les étrangers. Étant bien plus populaire auprès des touristes, Kabukichô est encore plus flamboyant que Ni-Chôme, avec ses néons de lumières et ses impressionnants immeubles. Il se méritera son propre article une prochaine fois !
Sur ce, je vous dis à une prochaine fois où je vous parlerais d’une autre curiosité japonaise !