Kagurabachi T.01

Ils l’ont acheté

1. Note 4 sur 5

   harvey.valerie2 – 31 mai 2025

   Voilà une série dont on a beaucoup entendu parler, je voulais donc me faire une bonne idée avant de la commenter. Je conseille d’ailleurs la lecture de deux premiers tomes pour découvrir si cette série vous plaît. Car même si chacun des tomes est dense et rempli d’action, le mangaka y introduit beaucoup de personnages, de factions, de faits historiques et de magiques qui viennent complexifier l’aventure. Les deux premiers tomes permettent alors de bien comprendre les enjeux, la place des personnages et leurs buts.

   Kagurabachi raconte l’histoire de Chihiro, un garçon qui délaissera son apprentissage de forgeron quand son père, créateur de sabres légendaires, sera assassiné, malgré toutes les protections qu’on avait mises pour le protéger. Chihiro se met à alors à pourchasser les meurtriers, armé d’un sabre ensorcelé aux pouvoirs inconnus, gardé secret par son père. On le retrouve trois ans plus tard, alors qu’il approche du groupe responsable de cette mort. Mais il fera face à plus d’un obstacle: il y a d’autres sabres, d’autres pouvoirs, et la société a mis en place un groupe pour contrôler ces fameux sabres légendaires afin d’éviter une autre guerre. L’existence de ce fils du forgeron mythique est questionnée et le fait qu’il possède un tel sabre est un problème…

   Lors de ma lecture du premier tome, j’avais plein de questions: qui et où est la mère? Pourquoi personne ne sait que le forgeron a un fils? Est-on dans un monde historique ancien ou dans un Japon alternatif moderne?

   Au deuxième tome, je comprends un peu mieux le procédé du mangaka: il recule fréquemment dans le temps, montrant la vie du père-fils à travers des flashbacks. Cela donne des informations sur les six sabres, mais aussi un peu sur la filiation de Chihiro (on évoque la mère dans le tome 2). J’ai donc l’impression que c’est de cette façon que le mangaka personnalisera graduellement les personnages.

   Car si le côté sombre de la série rappelle le thème dramatique et le graphisme gore de Demon Slayer, on n’a pas ce côté extrêmement attachant des personnages. Chihiro n’est pas le Tanjiro émotif et motivé par son lien à sa famille disparue. Il est rationnel, il se concentre sur sa vengeance, il évoque rarement sa tristesse. Toutefois, grâce au personnage de Char, on aperçoit des possibilités de connexion avec les autres. Autre bon point: on approfondit la compréhension du père. Que souhaitait-il vraiment en forgeant ses sabres meurtriers? Et quel héritage son fils voudra-t-il transmettre? J’adore quand ces questions viennent donner de la profondeur aux récits de vengeance d’un père disparu, et qu’elles influencent les actions des héros (Vinland Saga).

   Le dessin est bien maîtrisé, l’impression sombre et dramatique est accentuée par les traits et les aplats monochromes des cheveux, des vêtements. C’est vraiment au niveau des nombreux tracés des armes, des pouvoirs divers et du sang qui gicle (beaucoup d’hémoglobine) qu’on voit apparaître les courbes et les mouvements, augmentant l’impression des actions très rapides, pratiquement instantanées.

   Kagurabachi présente donc une histoire bien pensée, plus complexe que mon résumé, que le mangaka conçoit sur un long développement. Toutefois, à la vitesse où il traite les ennemis et combats, ça pourrait se clore entre 15-20 de tomes s’il poursuit au même rythme (ça va très vite). J’espère qu’on lui donnera le temps de la développer à son goût, on a eu trop de séries dernièrement qui se sont fait couper les ailes. Car c’est en donnant le temps au créateur d’expliquer les motivations des héros, à approfondir les connexions et à expliquer l’historique des personnages qu’on crée une série inoubliable qui donne du sens aux actions.