Événements nationaux aux allures de parade, les matsuri font partie intégrante du Japon. À l’origine, ces fêtes étaient des cérémonies qui célébraient des divinités Shinto, les Kami. Au fil des siècles, le terme ‘’matsuri’’ s’est étendu à toutes les fêtes, parfois à des fêtes bouddhistes mais aussi à des événements tel que le hanami. Il y en aurait plus de 100 000 au Japon, se déroulant tout au long de l’année aux quatre coins de l’archipel. Ancrés dans la culture et dans le cœur des Japonais, les matsuri d’aujourd’hui sont loin de ressembler à ceux d’antan. Événements propices à se réunir et à faire la fête auprès des personnes que l’on aime, ceux-ci n’ont pas attendu pour s’emparer des mangas que nous lisons, devenant de vrais codes narratifs utilisés par les mangaka. Abordons aujourd’hui les deux plus populaires : le hanami et le hanabi.
Le hanami, aux aguets d’une contemplation.
La pratique du hanami, vieille de plusieurs siècles, tire son origine de la coutume d’admirer les fleurs telles que les aristocrates chinois avaient l’habitude de faire pendant la dynastie Tang.
Au Japon, le hanami tire sa signification de la combinaison du mot ‘’hana’’ (fleur) et du verbe ‘’miru’’ (regarder) et signifie ainsi littéralement ‘’admirer les fleurs “. Dès lors, le hanami matsuri est le festival où l’on vient admirer les fleurs de cerisier (sakura). Mais cela n’a pas été toujours le cas car, à l’origine, c’étaient les fleurs d’ume, la fleur d’abricotier japonais, qui recevait les honneurs lors de la pratique du hanami.
C’est sous le porte-étendard de la philosophie de la beauté et de l’éphémère que le hanami dévoile toute sa profondeur. Pour les uns, cela sera l’occasion de se réunir en famille, entre amis ou en couple, pour d’autres le hanami sera source de calme et sérénité. Il est question de contempler tout son soûl le côté fugace, précaire, transitoire de la vie. Présent depuis des siècles au Japon, le hanami n’a pas tardé à faire partie intégrante de la littérature et de l’art japonais, tout d’abord sous la forme des ukiyo-e (estampes japonaises) et aujourd’hui les animes et les mangas.
Cet événement synonyme de beauté, de réunion, de partage et d’amour en fait le parfait tremplin afin de poser une situation : un tableau qui respire l’amitié franche et pure, un rapprochement amoureux, le dénouement d’une romance… Card captor Sakura, Noragami, Toriko, Jujutsu Kaisen et son opening qui change au fil des épisodes (qui est également un beau clin d’oeil à la peinture de Monet, Le déjeuner sur l’herbe) sont de parfaits exemples.
Petite mention spéciale tout de même à Jujutsu Kaisen qui a réussi à s’approprier le concept du hanami pour en faire un personnage antagoniste du même nom.
Le hanabi, les feux d’artifice d’été nippons.
Historiquement, on doit le premier hanabi au Shogun Tokugawa Yoshimune (qui gouverna entre 1684 et 1751). Par ce spectacle fantasmatique et coloré, il voulait distraire son peuple et éviter une révolte lors d’une crise économique intense. De nos jours, l’été au Japon, rime avec hanabi, littéralement ‘’fleur de feu’’, une belle métaphore pour désigner un feu d’artifice. Ce spectacle pyrotechnique à couper le souffle, généralement organisé l’été, est l’occasion pour les Japonais et Japonaises de s’y rendre en famille, ce qui en fait un moment privilégié entre proches.
Le hanabi revêt une émotion toute particulière auprès des Japonais, puisqu’il s’agit de LA sortie de l’été tant attendue. Le spectacle pyrotechnique en lui-même dure environ 1h30 et constitue un véritable flamboiement de couleurs et de sensations. Plus de 7000 hanabi au travers du Japon sont des événements de grande envergure et attirent de milliers de spectateurs. Le feu d’artifice de la baie de Tokyo lance habituellement en l’espace d’une heure plus de 10 000 feux ! Dans un autre ordre d’idée, et voulant faire les choses différemment avec un goût de renouveau, l’omagari no hanabi, dans la préfecture d’Akita au nord de l’île, voit s’affronter une trentaine d’équipes d’artificiers au sommet de leur art.
Mais le hanabi est aussi un lieu de romance pour un premier rendez-vous. Quoi de plus romantique que de conclure avec l’élue ou l’élu de votre cœur, un baiser au coin des lèvres, les détonations colorées en toile de fond. C’est aussi l’occasion de renouer avec les anciennes traditions et de s’y faufiler habillé d’un yukata. Tokyo Revengers, avec sa mythique et touchante scène du baiser entre Takemichi et Hinata, en est un très bon exemple. Quintessentiel quintuplets fait de même avec son protagoniste et une des sœurs. Et que dire du hanabi magique improvisé dans Fairy tail !
Le hanami comme le hanabi, sont deux événements culturels fort importants au Japon. Ils partagent tous deux cette même ambiance féérique et cette même volonté de se rapprocher et de partager un moment magique et unique avec les personnes que l’on aime. Ils qu’ils ont réussi à transcender une simple coutume populaire pour devenir deux éléments narratifs incontournables dans les mangas. Véritables extases sentimentales, le hanami et le hanabi dans les mangas nous font voyager et nous permettent de s’immiscer pour un moment fugace dans cette culture qui nous tient tant à cœur.