
Pour fĂȘter ça, on parle ensemble de ses dĂ©buts de mangaka et de ses inspirations : mythologie grecque et scandinave, combattants de MMA, Nihei et son Blame, peinture espagnole et sculpture française…
NĂ© Ă Oyama, Oita au Japon, en 1986, Isayama Hajime fait parler de lui par l’audace de son Ćuvre. Premier manga de l’auteur, L’Attaque des Titans explose toutes les attentes. Isayama-san commence Ă dessiner des mangas lors de son adolescence lorsqu’il est au cĂ©gep, mais ce n’est qu’une fois arrivĂ© Ă l’universitĂ© qu’il dĂ©cide de se lancer sĂ©rieusement sur les pas des auteurs qu’il adule tant : il veut devenir mangaka Ă son tour.
Ses dĂ©buts de mangaka ne commencent vraiment que dans les annĂ©es 2000.ArmĂ© de son premier one shot, L’Attaque des Titans, il va s’empresser de le soumettre Ă la Shueisha afin d’ĂȘtre publiĂ© dans le Weekly Shonen Jump. Malheureusement, le scĂ©nario ne correspond pas Ă 100% au style et Ă la ligne Ă©ditorial du magazine. Il lui sera alors proposĂ© de modifier son histoire afin de retenter sa chance, ce qu’il va refuser net.Isayama ne se laisse pas dĂ©courager pour autant. Il retente sa chance auprĂšs du weekly Shonen Magazine chez l’Ă©diteur Kodansha, et c’est une rĂ©ussite !GrĂące Ă cette premiĂšre version, il recevra en 2006 le prix du « Meilleur Travail » au Grand Prix du Manga.
Pendant plusieurs annĂ©es, il travaillera en tant qu’assistant pour Yuki Sato (Docteur Yokai). Pendant ce laps de temps il sortira 2 one shots : Heart Break One et Orz.Trois ans plus tard, la chance tourne en sa faveur : L’Attaque des Titans devient une sĂ©rie dans le Bessatsu Shonen Magazine publiĂ© par Kodansha. Le succĂšs Ă©tant au rendez-vous, en 2011 le manga sera mĂȘme gratifiĂ© du 35e prix du manga Kodansha dans la catĂ©gorie Shonen.L’Attaque des Titans est une rĂ©ussite inespĂ©rĂ©e pour un jeune mangaka et surtout pour une premiĂšre sĂ©rie (ce qui n’est pas courant dans le mĂ©tier).
Dans le courant des annĂ©es 2000, le manga et les mangaka en gĂ©nĂ©ral commencent Ă ĂȘtre perçus diffĂ©remment, et des derniers n’hĂ©sitent plus Ă s’afficher. Isayama sera un des premiers Ă s’y adonner, Ă tronquer son anonymat pour devenir une personnalitĂ© publique.
PassionnĂ© par les monstres depuis toujours, Iseyama aime les contraste de taille. De ses propres dires :”Jâai toujours aimĂ© penser Ă des monstres depuis que je suis Ă la maternelle, ce qui mâa donnĂ© le goĂ»t pour les sports de combat. Alors, pour la version dâun Titan, jâai utilisĂ© comme modĂšle le corps de lâartiste martial Yushin Okami. Mon idĂ©al est le physique dâun artiste martial mixte moyen. Mais jâutilise seulement la forme globale du corps comme modĂšle. Il y a aussi un artiste martial mixte nommĂ© Alistair Overeem, dont je suis fan, qui a ce petit visage et ces trapĂšzes dĂ©veloppĂ©s qui lui donnent un physique vraiment intimidant, il mâa Ă©galement servi de modĂšle.”
Grand fan de combat live (arts martiaux mixtes, MMA..), l’auteur ne s’en cache pas, mais le cĂŽtĂ© psychologique compte aussi Ă©normĂ©ment pour l’auteur :”Jâai dĂ©cidĂ© de dessiner un shonen basĂ© sur des Titans parce quâils ont une apparence brute et grossiĂšre, une aura imposante, qui provoque un sentiment dâinsĂ©curitĂ© pour les lecteurs. Ce type dâambiance me parlait beaucoup par rĂ©surgence. Jâaime, pour accentuer ce sentiment de peur primale, laisser le lecteur imaginer ce qui nâest pas reprĂ©sentĂ© dans les cases.”Prenant exemple sur d’autres mangakas, des peintres ou bien la mythologie, Iseyama s’inspire de beaucoup d’artistes et cela se ressent dans l’Ă©criture de ses Ćuvres : Makura Sho & Takeshi Okano avec leur manga Jigoku Sensei Nube, le manga Arms qu’il considĂšre comme un manga Ă la narration parfaitement rĂ©ussie, et finalement, Tsutomu Nihei (Blame, Biomega) avec ses univers au dĂ©cors sombres et peu rassurants.
Mais d’un autre point de vue, plus historique et artistique cette fois, l’auteur puise beaucoup dans la mythologie grecque avec le Tartare, prison situĂ©e dans les Enfers protĂ©gĂ©e par un triple rempart oĂč les pires criminels sont enfermĂ©s pour expier leurs fautes, endroit craint mĂȘme des dieux, oĂč les Titans, fils dâOuranos et de GaĂŻa, sont enchaĂźnĂ©s par Zeus pour y subir des tourments Ă©ternels.Mais ce n’est pas tout puisque vient ensuite la mythologie nordique avec Midgard, une fortification construite par les Dieux afin de protĂ©ger le monde des GĂ©ants. On y retrouve mĂȘme un personnage du nom d’Ymir, le gĂ©ant de glace, premiĂšre crĂ©ature vivante et source de la crĂ©ation de la terre par Odin et ses frĂšres, qui utilisĂšrent son cadavre pour faire naĂźtre cette derniĂšre.
D’un point de vue artistique, “Le Colosse” du peintre espagnol Francisco Goya et ” Saturne dĂ©vorant un de ses fils ” sont des oeuvres importantes dans l’inspiration de L’Attaque des Titans (Goya a souvent peint des reprĂ©sentations symboliques des atrocitĂ©s de la guerre, sous la forme dâimages Ă©tranges et sanglantes et de gĂ©ants mythologiques). De son cĂŽtĂ©, le cĂ©lĂšbre ĂcorchĂ© du sculpteur Jean-Antoine Houdon est frappant de ressemblance avec le Titan Colossal.
VĂ©ritable icĂŽne du Shonen, Iseyama est un mangaka au goĂ»t et au style trĂšs atypique, vĂ©ritable gĂ©nie du scĂ©nario en marche avec le manga moderne, il est une des personnalitĂ©s qui continuent Ă faire grandir ce style littĂ©raire que nous apprĂ©cions tous.Alors que L’Attaque des Titans touche Ă sa fin, profitons de la fĂȘte de son papa pour remercier ce grand homme, ce colosse du manga d’aujourd’hui.Merci et bonne fĂȘte Iseyama-sensei !!!!