KA-ME-HA-ME-HA !
Ce cri du cœur que chaque lecteur de Dragon ball a déjà prononcé au moins une fois dans sa vie est probablement la technique la plus iconique provenant d’un manga. Malheureusement, cette œuvre est depuis peu devenue orpheline de son créateur. Nous n’aurions jamais cru devoir écrire ces lignes si tôt, et notre cœur de fans inconditionnels de Dragon ball refusent de croire en cette nouvelle réalité : Akira Toriyama, l’auteur de Dragon ball, Dr Slump et Sand Land est décédé le 1er mars 2024 des suites d’un hématome sous-dural au cerveau à l’âge de 68 ans.
C’est au rythme des musiques Cha-la Head-cha-la et Makafushigi Adventure, écrites pour l’anime de Dragon ball, qu’on s’embarque dans un dernier hommage à ce génie qui a su bercer notre enfance et nous a donné goût au manga.
Un génie du shônen, influent mais humble
Lors de l’annonce de son décès, de nombreux mangaka se sont précipités pour lui présenter un dernier hommage et montrer leur soutien à la famille. Ce sont les mêmes auteurs qui clament haut et fort Dragon ball, Dr Slump et plus largement Toriyama lui-même sont la raison pour laquelle ils se sont lancés dans le manga, dans le shônen. On parle ici d’auteurs tels que ceux de One piece, Fairy tail, Naruto, Food wars, Kenshin le vagabond, One punch man, Haikyu, My hero academia, Zetman, Toriko, Slam dunk, Jojo’s bizarre adventures, Bleach ou encore Gintama.
Même s’il a toujours nié cette vérité et a toujours voulu se considérer comme un mangaka banal, Akira Toriyama est considéré depuis longtemps comme le père du shônen d’aujourd’hui. Par ses codes graphiques et scénaristiques ou les transformations iconiques de ses personnages, il a posé les bases des shônen que nous lisons aujourd’hui, inspirant toute la génération des mangaka d’aujourd’hui.
Cette volonté minimiser l’importance de son œuvre au profit d’une position plus humble est pourtant contredit par l’importance de l’héritage qui laisse derrière lui. Cette dissonance rend le phénomène encore plus comique quand on sait que Toriyama voulait, sans prétention, un manga qui plairait au divertissement des enfants, qui les ferait autant rire que vibrer face à son univers. Très humble dans son quotidien comme dans son travail, très discret, il s’est toujours refusé à promouvoir l’image d’icône qu’on lui donne et n’a jamais désiré l’attention médiatique qu’on lui présenté sur un plateau d’argent. D’ailleurs, les dernières images publiques de l’auteur remontent à 2015 à ses débuts de Dragon Ball Super.
Lors d’une entrevue réalisée par le célèbre magazine Weekly Shōnen Jump, Toriyama-sensei s’est confié sur le succès de son œuvre : « Je suis heureux d’entendre ça, mais… ça n’a vraiment aucun sens pour moi (…). Ça n’a aucun sens pour moi, puisque j’estime que je ne dessine pas comme il faut. »
Dragon ball, une réussite mondiale!
Véritable homme de l’ombre, Akira Toriyama n’aura jamais vraiment compris le succès de son œuvre. Mais il est pourtant bien tangible. Suite à l’annonce de son décès, des millions de fans à travers le globe se sont bousculés pour honorer l’auteur, que cela soit sur le jeu vidéo Dragon ball Xenoverse 2, le Genki Dama géant de 30 000 personnes en Argentine, la parade spéciale Dragon ball au Chili ou encore la Chine qui offre un communiqué spécial honorifique. Akira Toriyama était un monstre de la création honoré et respecté. Malgré son léger pessimisme sur son œuvre, il a trouvé la petite étincelle qui a su embraser le cœur et la passion de tous les fans des aventures de Goku.
Mais le succès de Toriyama et de son Dragon Ball ne s’arrêtent pas là. Même s’il a fallu attendre pas mal d’années depuis la fin de la saga principale, la licence reprend maintenant du poil de la bête et le succès est à nouveau au rendez-vous. Akira Toriyama et son nouvel apprenti Toyotarô ont su reconquérir sans équivoque le cœur des anciens fans en ramenant la nostalgie et celui de nouveaux adeptes en proposant sur de nouvelles idées. Toyotarô étant un fan inconditionnel de la série, il sait exactement jongler avec celle-ci, il a depuis longtemps appris à manipuler cette mythologie Saiyan aux sept boules de cristal. Il n’est donc pas étonnant de voir des transformations iconiques revenir, certains personnages oubliés reprendre de l’importance dans le scénario, de retrouver le même humour présent dans les débuts de DBZ ou Dr Slump, et, pour les plus observateurs, de déceler toutes les références subtilement dissimulées dans le récit : une réplique, une pause, une attaque, un flashback…
Plus de 40 ans après sa création et alors que bientôt 10 ans se sont écoulés depuis son grand retour, Dragon ball fait encore vibrer les cœurs de ses fans à l’unisson, les tambours de la passion résonnent encore plus fort qu’à ses débuts tant l’œuvre est importante pour la pop-culture mondiale. Dragon ball s’inscrit indéniablement dans le Panthéon des œuvres inaltérables, immuables et intemporelles.
Et maintenant ?
Quel sera l’avenir de Dragon ball ? On aime à croire que Toyotarô, pendant ces 10 dernières années passées auprès de Maître Toriyama, a puisé la force de continuer à faire vivre l’œuvre de son mentor, de son idole. Étant la personne la plus proche du mangaka en dehors de sa famille, Toyotarô s’est exprimé sur la disparition de Toriyama : “Je dessine des mangas parce que je voulais être loué par Toriyama-sensei. Il était tout pour moi“.
En attendant que nos cœurs cicatrisent, on se tourne vers plusieurs projets qui avaient été annoncés depuis peu avec la collaboration de la branche spéciale de la Toei spécialement dédiée à l’univers de Dragon ball. Ainsi, nous devrions avoir bientôt l’arrivée de Sand Land au cinéma et sur Netflix, ainsi qu’une jeu vidéo sur la licence. Sans oublier l’arrivée de la prochaine série Dragon ball: Daima, dernier projet supervisé et retravaillé par Toriyama-sensei lui-même. Akio Iyoku, le producteur de Dragon Ball: Daima, a assuré lui-même qu’Akira Toriyama “s’est tout particulièrement impliqué au-delà de son rôle habituel en supervisant l’écriture, le design des personnages”, imaginant même “des épisodes inédits pour la série”.
Pour ce qui est de la suite, tout se trouve entre les mains de Toyotarô. Trouvera-t-il la force de perpétuer l’héritage de Toriyama ? En tant que fans, nous trouvons que cela serait le plus beau des hommage. Un mélange d’émotion nous assaille lors de l’élaboration de cette chronique. Dragon ball et Akira Toriyama sont et seront pour toujours dans nos coeurs. Mais la disparition de l’auteur créera certainement un vide. Dragon ball est une œuvre extraordinaire, transcendante et génialement conçue, peu importe comment l’auteur lui-même le conçoit. Akira Toriyama voulait dessiner un manga qui fasse rêver les jeunes garçons et a réussi haut la main.
On se rappelle encore avec quelle excitation, on allait, étant petits, dans nos librairies locales chercher notre tome de Dragon ball. Et encore aujourd’hui, Dragon ball fait encore rêver les enfants qui se cachent au fond de nous et nous fera encore vibrer de passion pour le reste de notre vie.
C’est avec une grande tristesse et un profond respect que nous nous inclinons. Nous nous inclinons, Akira Toriyama, devant votre travail, devant votre passion, devant votre génie. Toriyama-sama, vous partez indéniablement trop tôt, mais vous partez avec l’admiration de millions de passionnés.