Devilman, Mazinger Z, Cutie Honey, L’École impudique, Goldorak, ces noms vous sont probablement familiers. Auteur d’exception et de plus de 360 histoires différentes, Go Nagai fait partie des mangakas qui ont construit les bases du manga moderne. Meca, ecchi… c’est à lui qu’on doit le début de ces différents genres. Intéressons-nous aujourd’hui, cher lecteur, a cette légende vivante, Go Nagai ! 
4e fils d’une fratrie de 5 garçons, Go Nagai naît un mois après le drame atomique d’Hiroshima. Il est bercé depuis sa plus tendre enfance dans les œuvres d’Osamu Tezuka, notamment avec Lost world, sa toute première lecture manga. Enfant renfermé sur lui-même, il a du mal à sociabiliser avec d’autres jeunes, et son imaginaire sera pour lui une échappatoire. En grandissant, il est satisfait par son univers intérieur, et son imagination sera son inspiration principale pour ses futurs œuvres. Lors de son aménagement sur Tokyo un peu plus tard, Go Nagai va se plonger à corps perdu dans les mangas, romans et même le cinéma, Il deviendra très vite un incroyable cinéphile (visionnant jusqu’à 150 films par an). 
Vers la fin de son adolescence, notre jeune mangaka met au point le scénario d’un samouraï indestructible venu du futur (19 ans avant la série Terminator), publié sous le nom de Kuro no Shushi. Remarqué par le Shonen Sunday, un poste d’assistant lui sera proposé. Nagai est présenté au staff de Mushi Production, et même si le président du studio, Osamu Tezuka n’est malheureusement pas présent ce jour-là, un autre mangaka de grande importance le sera – c’est Shotaro Ishinomori (Kamen Rider/ Cyborg 009). 
Impressionné par les qualités d’auteur de Nagai, Ishinomori le choisit pour le suppléer. C’est un rêve qui devient réalité pour Go Nagai : il va pouvoir apprendre les bases du métier auprès d’un de ses idoles. Accablé et motivé pour travailler pour cet auteur, Nagai va donner son 200%. 20h de travail par jour, pas de vacances, pas de week-end, il n’est chez lui qu’une semaine par mois. Au bout de 2 ans, amaigri et ne se reconnaissant pas dans le miroir, il décide de prendre un jour de congé par semaine pour se reposer et se concentrer sur ses travaux. 
En 1967, il devient officiellement un mangaka, publiant une histoire humoristique pour le magazine Bokura des Éditions Kōdansha. Le manga, Meakashi Polikichi, suit les péripéties d’un petit policier à l’époque d’Édo. Viendras ensuite Chibikko Kaijû Yadamon, fantaisie autour d’un jeune garçon, Tarō, et son petit dragon, Yadamon. 
Fin des années 60, le western spaghetti est à son apogée. Inspiré par Il était une fois dans l’Ouest, et l’esprit du mythe western, Nagai l’applique à la période médiévale avec Yubi no Kenman dans Shônen Magazine. Le côté frivole en maillot de bain intéresse la maison d’édition Shueisha qui crée en 1968 Shonen Jump. Des nouveaux talents sont demandés et le choix du sujet est encore assez libre, c’est l’occasion pour Go Nagai de se lancer sur sa nouvelle série humoristique : L’École impudique. 
Mais un problème persiste, le manga passé à la censure et la série se voit à deux doigts de se voir arrêtée. Sauvée par la pression que les lecteurs donneront, l’oeuvre jugée trop offensante pour les jeunes sera sauvée par ces derniers, une belle leçon. Dans le succès de l’École impurdique, Nagai fonde sa compagnie Dynamics productions et c’est sous ce même label que sortira plus tard Getter Robo. 
Le début des années 70 sera considéré comme l’âge d’or de l’auteur. 1972, c’est l’arrivée de Devilman dans le Shonen Magazine, qui devient extrêmement populaire au Japon et suscite même l’étonnement et l’épuisement de Nagai tellement ce dernier est médiatisé. Nagai décide de mettre un frein sur les œuvres sombres, très demandantes pour lui. Il se tourne alors vers la science-fiction, et plus précisément le genre mécha. Mazinger Z n’est pas loin, et à peine a-t-il soumit l’idée d’un robot qui se meut grâce à un véhicule inséré dans sa tête que la Toei Animation décide de lancer une diffusion (avant même la publication du manga). 
1973, fin de Devilman, une vraie réussite qui deviendra son manga le plus connu avec Goldorak. La même année voit arriver Violence Jack et Cutie Honey. Nagai est enfin reconnu parmi ses pairs dans les domaines de la science-fiction et du manga. Il fera même partie de la SFWJ6 (Science-fiction and Fantasy Writers of Japan), le deuxième dessinateur à y entrer après Osamu Tezuka. 
Aujourd’hui âgée de 75 ans, Go Nagai a drastiquement ralenti sa production, mais n’est pas pour autant décidé à déposer sa plume ! Reconnu à travers le globe, il reste une grande source d’inspiration et un pilier incroyable des mangas que nous lisons actuellement. Bon anniversaire sensei !! 
